Traçabilité automatisée, du berceau à la tombe, pour « identifier et cibler les populations non atteintes ».
Par Jon Fleetwood
Dans un document publié dans le Bulletin d’octobre de l’Organisation mondiale de la santé et financé par la Fondation Gates, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) propose une infrastructure d’identité numérique mondialement interopérable qui suit en permanence le statut vaccinal de chaque individu depuis sa naissance.
Cette proposition dystopique soulève bien plus que des préoccupations liées à la vie privée et à l’autonomie : elle établit l’architecture d’un abus de pouvoir gouvernemental, du profilage interdomaines, du ciblage comportemental piloté par l’IA, de l’accès conditionnel aux services et d’un réseau de surveillance mondialement interopérable traquant les individus.
Elle crée également des risques sans précédent en matière de sécurité des données, de responsabilité et de dérive des missions, permettant ainsi un système de contrôle numérique qui s’étend à tous les secteurs de la vie.
Le système proposé :
- intègre des informations personnelles identifiables avec des données socio-économiques telles que « le revenu du ménage, l’origine ethnique et la religion »,
- déploie l’intelligence artificielle pour « identifier et cibler les populations non atteintes » et « lutter contre la désinformation »,
- et permet aux gouvernements d’utiliser les dossiers de vaccination comme conditions préalables à l’éducation, aux voyages et à d’autres services.
Transformation numérique et programme de vaccination 2030
Documents en français
Digital transformation and the Immunization agenda 2030
Documents en anglais
Ce que le document de l’OMS admet, dans ses propres termes
Pour établir ce cadre, les auteurs définissent le programme comme ni plus ni moins qu’une restructuration de la manière dont les gouvernements gouvernent :
« La transformation numérique est la mise en œuvre intentionnelle et systématique d’applications numériques intégrées qui modifient la façon dont les gouvernements planifient, exécutent, mesurent et suivent leurs programmes. »
Ils énoncent ouvertement leur objectif :
« Cette transformation peut accélérer les progrès vers le Programme de vaccination 2030, qui vise à garantir que chacun, partout et à tout âge, bénéficie pleinement des vaccins. »
C’est dans ce contexte que s’inscrit chacune des recommandations politiques qui suivent : un système mondial de contrôle de la vaccination, appliqué numériquement.
1. Identité numérique enregistrée à la naissance et suivi à vie
Le document décrit un système dans lequel un nouveau-né est automatiquement ajouté à un registre national numérique de suivi des vaccins dès que sa naissance est enregistrée.
« Lorsque la déclaration de naissance déclenche la création d’un dossier de vaccination numérique personnel, les professionnels de santé savent qui vacciner avant le premier contact de l’enfant avec les services de santé. »
Ils précisent que cette identité numérique contient des identifiants personnels :
« Un nouveau-né dont le dossier de vaccination électronique contient des informations personnelles identifiables bénéficie d’un avantage, car les professionnels de la santé peuvent retrouver son dossier grâce à des identifiants uniques ou des données démographiques, générer des listes d’enfants non vaccinés et rappeler aux parents de les amener se faire vacciner. »
Il s’agit d’une traçabilité automatisée, du berceau à la tombe.
Le système permet également une surveillance sur l’ensemble des sites :
« Grâce à un dossier national de vaccination électronique, un enfant peut être suivi partout dans le pays et transféré électroniquement d’un établissement de santé à un autre. »
Il s’agit d’un suivi de la mobilité lié au respect des consignes médicales.
2. Lier les dossiers de vaccination aux revenus, à l’origine ethnique, à la religion et aux programmes sociaux
Le document préconise explicitement le croisement du statut vaccinal avec les données socio-économiques.
« Les registres qui recensent les données sur le patrimoine des ménages pour les programmes de protection sociale permettent de suivre la couverture vaccinale en fonction du statut socio-économique, notamment le revenu du ménage, l’appartenance ethnique et la religion. »
Il s’agit d’une stratification démographique associée à une base de données de conformité.
3. Conditionner l’accès à l’éducation, aux voyages et aux services à une preuve numérique de vaccination
L’OMS reconnaît et encourage les systèmes qui exigent des laissez-passer pour la vaccination pour les fonctions civiles essentielles :
« Certains pays exigent une preuve de vaccination pour que les enfants puissent accéder aux garderies et à l’éducation, et une preuve d’autres vaccinations est souvent requise pour les voyages internationaux. »
Ils soulignent ensuite pourquoi les formats numériques sont préférés :
« Les documents et certificats numériques sont traçables et partageables. »
La traçabilité numérique est synonyme de pouvoir de contrainte.
4. Utiliser les systèmes numériques pour éviter de « gaspiller des vaccins sur des enfants déjà immunisés »
Les auteurs décrivent une justification essentielle :
« Le statut vaccinal des enfants n’est pas vérifié lors des campagnes de vaccination, une pratique qui gaspille des vaccins pour les enfants déjà immunisés et les expose au risque d’effets indésirables. »
Leur solution consiste en une vérification automatisée afin de maximiser le débit de vaccination.
Le système numérique est présenté à la fois comme un outil d’amélioration logistique et un instrument de contrôle de la conformité :
« Les dossiers nationaux de vaccination électroniques pourraient transformer la manière dont les campagnes de vaccination contre la rougeole et les activités de vaccination supplémentaires sont menées en permettant la confirmation sur place du statut vaccinal. »
5. Systèmes d’IA pour cibler les individus, identifier les personnes « non atteintes » et lutter contre la « désinformation »
Le document de l’OMS promeut ouvertement l’intelligence artificielle pour influencer les comportements publics :
« L’IA… démontre son utilité pour identifier et cibler les populations non atteintes, identifier les goulots d’étranglement critiques des services, lutter contre la désinformation et optimiser la gestion des tâches. »
Ils expliquent les autres utilisations prévues :
« Parmi les autres applications stratégiques, citons l’analyse des données à l’échelle de la population, la prévision des besoins en services et de la propagation des maladies, l’identification des obstacles à la vaccination et l’amélioration des évaluations de l’état nutritionnel et sanitaire grâce à la technologie mobile. »
Il s’agit d’analyse prédictive associée à des opérations d’influence.
6. Normes mondiales d’interopérabilité pour l’échange international de données
Les auteurs appellent à une norme internationale unifiée pour les données :
« Reconnaître les ressources d’interopérabilité rapide des soins de santé… comme la norme mondiale pour l’échange de données de santé. »
Traduction : Les données d’identité personnelle liées à la vaccination doivent être partageables à l’échelle mondiale.
Ils décrivent le besoin d’« infrastructure publique numérique » :
« L’infrastructure publique numérique est un fondement et un catalyseur pour la transformation numérique des soins de santé primaires. »
Voici l’architecture d’un réseau mondial de suivi de la vaccination.
7. Extension de la surveillance aux interactions quotidiennes
L’OMS décrit un modèle de surveillance qui s’active chaque fois qu’un enfant interagit avec un service de santé ou un service communautaire :
« Les agents de santé communautaires qui identifient les enfants lors de visites à domicile et d’autres activités communautaires peuvent les orienter vers la vaccination par le biais d’un registre électronique de vaccination ou d’un dossier de santé infantile électronique. »
Cela signifie que des acteurs communautaires non cliniques participent à l’identification du respect des consignes de vaccination.
Les auteurs décrivent également l’intégration interservices :
« Il est possible de toucher les enfants insuffisamment vaccinés lorsque les agents de santé communautaires et les prestataires de services en établissement collaborent et communiquent autour des dossiers de santé électroniques de chaque enfant. »
Chaque point de contact devient un point de contrôle.
8. Façonner les comportements grâce aux alertes, aux rappels et à la surveillance des réseaux sociaux
L’OMS préconise l’utilisation de la messagerie numérique pour combler le fossé entre les intentions et les actions :
« La communication directe avec les parents, sous forme d’alertes, de rappels et d’informations, permet de combler le fossé entre l’intention et l’action. »
Ils préconisent également la surveillance numérique de l’opinion publique :
« La détection active et la réponse à la désinformation sur les médias sociaux renforcent la confiance et la demande. »
Il s’agit de la justification officielle pour surveiller et contrer la liberté d’expression.
9. Reconnaissance du contrôle des donateurs mondiaux – y compris la Fondation Gates
À la toute fin de l’article, l’architecte financier est clairement énoncé :
« Ce travail a été soutenu par la Fondation Gates [INV-016137]. »
Cela confirme l’alignement avec les initiatives mondiales d’identification et de registre des vaccins soutenues par Gates et mises en œuvre par Gavi, la Banque mondiale, l’UNICEF et l’OMS.
Et enfin
Selon les propres termes de l’OMS :
« La transformation numérique représente une occasion unique de relever de nombreux défis de longue date en matière de vaccination… le moment est venu d’adopter des approches audacieuses et novatrices. »
Et :
« Les parties prenantes… devraient considérer la transformation numérique comme un levier pour atteindre les objectifs ambitieux du Programme de vaccination à l’horizon 2030. »
Il s’agit d’une proposition globale pour un système d’identité numérique mondial, lié en permanence au statut vaccinal, intégré aux données démographiques et socio-économiques, appliqué grâce à une surveillance pilotée par l’IA et conçu pour l’interopérabilité internationale.
Il ne s’agit pas d’un ouvrage spéculatif, mais d’un document rédigé en langage clair, financé par la Fondation Gates et publié dans la revue officielle de l’Organisation mondiale de la santé.
Par jonfleetwood.
Conclusion
Au terme de l’analyse du document officiel publié par l’OMS et financé par la Fondation Gates, un constat s’impose : loin de se limiter à une simple modernisation administrative, le programme présenté dessine l’ossature d’un système mondial de gestion identitaire et sanitaire entièrement numérisé, adossé à la surveillance algorithmique et à l’échange global de données sensibles.
Sous couvert d’optimiser la couverture vaccinale à l’horizon 2030, l’OMS propose une architecture qui combine identité numérique dès la naissance, suivi vaccinal à vie, croisement des informations de santé avec les données socio-économiques (revenus, origine, religion), conditionnement de l’accès aux services à la preuve numérique de vaccination et ciblage comportemental par intelligence artificielle. Le tout doit fonctionner au sein d’infrastructures interopérables permettant l’échange transnational de données personnelles.
Si le document met en avant des bénéfices organisationnels, il ouvre simultanément la voie à une centralisation sans précédent du pouvoir sanitaire, à des outils de profilage social, à des mécanismes de contrôle numérique permanents et à une surveillance continue des populations, y compris via les réseaux sociaux. La mention explicite du soutien financier de la Fondation Gates confirme par ailleurs que ce projet s’inscrit dans une convergence d’intérêts entre grandes organisations internationales, bailleurs privés et gouvernements.
En résumé, ce plan ne constitue pas seulement une feuille de route technique : il dessine un modèle de société dans lequel l’identité, la mobilité, l’accès aux droits et la citoyenneté deviennent dépendants d’un système numérique centralisé, potentiellement intrusif, et piloté par des acteurs technocratiques transnationaux. Un projet qui mérite un débat public à la hauteur des enjeux démocratiques, éthiques et civilisationnels qu’il soulève.


